J’explore, j’expérimente, je sculpte, je peins pour exprimer ce que je ne peux pas dire et pour assembler des éléments apparemment opposés. Ces fragments, je vais les chercher dans des cultures qui semblent très différentes mais qui, après avoir été fusionnées, engendrent de nouveaux visuels, reflet de la créolisation mondiale. J’aime réunir en général, et ma démarche artistique en est le reflet. Pour moi, l’art ne connaît pas de frontières géographiques ni stylistiques, c’est la raison pour laquelle je réalise des œuvres inspirées d’univers multiples et variés, je les veux populaires et actuelles. En outre, mon travail est un miroir de notre monde en mutation, mais aussi il illustre mon point de vue sur certains sujets de société et mon soutien à toutes les minorités dont les voix sont trop souvent étouffées.

BIOGRAPHIE :

Je suis née à Abidjan le 31 octobre 1971. Ma scolarité élémentaire et en grande partie secondaire, je l’ai réalisée dans mon pays natal, au sein d’établissements scolaires ivoiriens où j’ai développé une certaine ouverture d’esprit et double culture. Mon premier coup de cœur artistique a été pour le masque géré (se prononce guéré), magnifique objet d’art porté en temps de guerre et lors de funérailles. Aussi, c’est pendant mon enfance que j’ai développé un sens aigu de la justice face à une Afrique post-coloniale (années 70/80), très hiérarchisée entre les anciens colons et colonisés, mais également entre les hommes et les femmes. Quelques années plus tard, j’ai effectué des études en histoire de l’art à Lyon 2 et poursuivi mes recherches sur un plan autodidactique. Mon activité artistique a connu un tournant en 2023 en peignant un papillon de nuit (Acherontia atropos) sur une partie de la façade de ma maison. Je l’ai d’ailleurs fait tatouer à l’arrière de mon crâne. S’en est suivie une explosion créative et une identité artistique de plus en plus marquée, s’installant avec force dans le temps.

Je sculpte, j’emboîte, j’assemble les idées, les formes et les couleurs, et oui, j’aime ça !

Lorsque l’idée est là, l’image lui succède et s’installe jusqu’à l’obsession. Il faut alors accoucher. Chacune de mes créations est le fruit de ma sincérité que je nous offre. Je dis nous car ce processus me fait du bien, me guérit. La sincérité, mère de la tendresse et de la grandeur. Je l’aime et, c’est dans ce tourbillon de bonheur que je passe à l’action.

Mes caractéristiques : les oppositions rassemblées, les couleurs et les ambiances tropicales, le symbolisme, une touche de cubisme et de photoréalisme, un peu d’art nouveau, un zeste “d’esprit tatouage”, du street art correspondant à ma culture urbaine que je réunis à mes multiples représentations de la nature. Je me définis d’ailleurs comme une “rurbaine”.

J’ai adopté le Puy de Dôme. Cette terre est belle, puissante, solide, rugueuse, un peu comme ses habitants, mais elle est aussi rassurante. Je crois que cela est dû à sa proximité avec la nature. Ici, on respire. Toucher du bois, sentir l’odeur du pin, marcher dans les feuilles mortes et se laisser surprendre par l’envol d’un papillon, ça c’est de la balle ! Les volumes sublimés par la lumière, ces mêmes lumières que l’on retrouve dans l’œuvre de Dali, me transportent vers la contemplation, moment de totale plénitude. C’est également ce que je ressens lorsque je peins.

Je me suis remise à la sculpture sur bois, notamment du pin, ce fameux pin puy de dômois qui sent bon ! C’est du bois vert trouvé dans la forêt. Il est parfois en voie de pourrissement avancé mais je lui applique un durcisseur. C’est très efficace en termes de protection et d’imperméabilisation. Je prélève peu, il ne faut pas exagérer, d’ailleurs les bûches et divers débris servent de refuges à une microfaune lors des longs mois d’hiver. Lorsque j’ai commencé à sculpter, c’était au début des années 2000. Une belle branche tarabiscotée dans laquelle avait pris forme une statue dans le style arts premiers. Je l’ai baptisée : “l’esprit de la forêt” tout naturellement. Les choses étaient claires et limpides pour moi. J’aime ces moments où les choses coulent de source. Je crois que je les aime parce qu’à ce moment précis, je suis dans le “lâcher prise”. Le positif vient toujours à nous si on le laisse rentrer. C’est douloureux de l’admettre mais nous croisons tous à un moment de notre vie la pulsion de mort. Créer, c’est épouser la pulsion de vie, ou au moins s’en éloigner. Cette ancienne sculpture s’est cassée au niveau du cou. J’ai essayé de la réparer mais je n’y arrive pas pour l’instant. Cela me ferait plaisir de tout de même vous envoyer des photos sur Instagram. Je voulais parler d’elle car c’est en quelque sorte la maman de deux des trois dernières sculptures en bois que j’ai réalisées dernièrement (février et mars 2023).